JM

Mes explorations artistiques ne se font qu’au travers des objets qui nous entourent. Mon intérêt est d’aborder l’humanité par la vision des objets qu’elle crée et dont elle s’entoure. Dans mes œuvres, une transformation des objets s’opère, ils évoluent pour révéler l’importance dans notre quotidien de ces choses nourries de nos peurs, de nos rêves, de nos secrets et de nos joies. C’est une mise en lumière du pouvoir émotionnel dont ces objets sont investis. On appelle cela des concepts magico-religieux. Ils sont au-delà des religions, des ethnies ou des cultures. Ils montrent un phénomène universel et c’est cette universalité qui m’intéresse. Par le biais de ce pouvoir émotionnel qui imprègne ce qui nous entoure, je peux travailler des thèmes comme l’imaginaire ou l’entropie.

Notre monde est régi par l’entropie, mais c’est grâce à l’imagination que nous oublions notre fin. Certains spécialistes, avancent que l’imagination tient un rôle biologique, ils appellent cela la « fonction fabulatrice », notre esprit utilise l’imaginaire pour nous défendre contre l’intelligence qui nous met face à la mort. C’est pour cela que l’être humain ne peut vivre sans croire en quelque chose.

La base des croyances magico-religieuses sur lesquelles je m’appuie, se compose ; des légendes (urbaines parfois), des contes, des croyances populaires, mais aussi du symbolisme et des archétypes. Parfois des recherches scientifiques, viennent s’ajouter, comme la psychosométrie (matière solide qui s’imprègnent des émotions humaines) ou l’expérience de mort imminente.

Tout cela se rattache à des objets, ils changent leur statue et évoluent vers le monde spirituel. Certains objets, ainsi que leur pouvoir, intègrent même la mémoire collective. C’est sur cette mémoire que je m’appuie pour créer des connexions, qui amènent les personnes à considérer le pouvoir émotionnel de ces objets.

On pourrait penser qu’avec l’évolution de notre société et la consommation à outrance, ces concepts magico-religieux ont perdu leur intensité. Mais dès qu’une crise nous rappelle la fin de notre vie, « les pouvoirs » qui imprègnent notre environnement se réactivent.

Pour moi l’objet n’illustre pas l’histoire, il est le symbole qui nous ramène psychiquement à elle et c’est pour cette raison qu’il est si présent dans mes oeuvres. L’universalité des ses objets du quotidien me permet de toucher un grand nombre de gens.

Mon intervention ne se limite pas à les présenter, j’interviens et travaille autant sur le pouvoir émotionnel qui leur sont attribués, que sur leur aspect domestique. En remettant en question leur domesticité, quitte à la détruire, je soulève la question de leur place dans notre quotidien. Une vision personnelle du pouvoir investit dans l’objet se révèle par mon questionnement artistique.

L’artiste Jean-luc Courcoult utilise le terme « réalisme imaginaire » pour ses créations. Mon travail résonne de ce concept, car les oeuvres que je crée, ont une base réaliste, ce sont ces objets concrets porteurs d’un pouvoir émotionnel créé par l’imagination des hommes. Mes créations dévoilent l’aspect imaginaire par la mise en situation de ces objets.